Entretien croisé avec Teddy Pickett et Frank-Yann [en]
Les Consulats généraux de France à Tanger et en Louisiane vous proposent de découvrir les portraits croisés de Teddy Pickett et Frank-Yann, respectivement auteur-compositeur-interprète à la Nouvelle-Orléans et artiste-producteur à Tanger.
TEDDY PICKETT, AUTEUR-COMPOSITEUR-INTERPRÈTE (LA NOUVELLE-ORLÉANS)
Quelle est votre formation d’artiste ?
Je pense que ma formation a commencé quand j’étais enfant et que mes parents m’ont fait prendre des leçons de piano. Je n’ai jamais pris ces cours au sérieux, bien que mon rêve fût d’être musicien. Quand je suis devenu adulte, j’ai commencé à jouer de la guitare. C’est à ce moment que ma formation formelle a commencé. J’utilisais tout mon temps libre pour pratiquer et étudier la théorie musicale. Il a fallu quelques années d’apprentissage pour me familiariser avec les accords, avant d’avoir la confiance nécessaire pour écrire mes propres textes.
Comment écrivez-vous vos textes ?
Pour moi, les paroles d’une chanson sont l’aspect le plus personnel du processus et par conséquent le plus important. La première fois que je me suis mis à écrire, j’essayais de commencer avec de grandes idées, en me disant par exemple : « je vais écrire une chanson sur la nature et le temps qui passe ». L’énormité de la tâche s’est rapidement révélée impossible.
Je me souvenais alors des conseils d’un professeur d’écriture créative à l’université : commencer avec de petits détails concrets et laisser les thèmes et les idées se développer par eux-mêmes. Donc, pour la chanson Hey There Long Ago, j’ai commencé avec cette phrase et je l’ai attachée à la nostalgie d’une personne pour un amour passé. Les thèmes du temps et du détachement se sont développés naturellement.
Comment cette collaboration est-elle née ?
C’est ma troisième collaboration avec Frank-Yann que j’ai rencontré par l’intermédiaire d’un excellent site web, Kompoz. C’est un site de production participative (« crowdsourcing ») pour les musiciens. C’est un excellent outil pour quelqu’un comme moi qui a du talent dans certains domaines, mais pas assez pour créer un projet bien abouti, produit dans les règles de l’art. Frank a exprimé son intérêt à se joindre au projet, et il était clair qu’une fois fini, sa participation a enrichi la chanson à un niveau jamais atteint dans mes collaborations précédentes. Maintenant et pour l’avenir, je n’irai nulle part ailleurs pour la production et le mastering. Il a une bonne oreille pour déterminer les éléments supplémentaires dont une chanson a besoin et la manière d’obtenir un son plus équilibré.
Quel a été votre rôle dans la réalisation du morceau ?
J’ai écrit les paroles et la musique, joué une des guitares, interprété la chanson et une des voix masculines des chœurs. J’avais une vision assez claire pour ce titre, avec un orchestre à cordes, et l’artiste qui a joué ces instruments (Richard Curran) a largement dépassé mes attentes.
Quels projets avez-vous pour les prochains mois ?
Nous allons revisiter les premières chansons que j’ai écrites et les retravailler avec l’équipe de Hey There Long Ago. Une fois ce travail fait, j’aurai un album de cinq titres que je devrais réussir à promouvoir correctement. Ce sera un défi de présenter ces chansons dans leur intégralité puisque les membres du « groupe » habitent aux quatre coins du monde, mais avec le bon équipement et de la pratique, c’est tout à fait réalisable.
FRANK-YANN, ARTISTE-PRODUCTEUR (TANGER)
Quel est votre parcours musical ?
Tout a commencé musicalement dès le plus jeune âge avec l’apprentissage du piano, puis au fil des années, d’autres instruments sont venus compléter ma base classique : la guitare, la basse, les claviers et séquenceurs, les synthétiseurs.
Une mobilité géographique, maintenant au Maroc, a contribué également à élargir, à me faire expérimenter des styles de musiques différents : du classique au rock en passant par le blues, le jazz, l’électro et la country.
Des rencontres aussi, en évoluant depuis très jeune dans des groupes de rock, puis ensuite de jazz et surtout de blues en tant que bassiste, toutes ces expériences très formatrices musicalement et humainement. Des scènes aussi, au fil des occasions et parfois face à un public jamais totalement acquis.
Très rapidement et en parallèle, j’ai été attiré par le travail en studio, ce qui a fait naître mon engouement pour l’enregistrement, le mixage, et toujours un besoin d’en maîtriser les techniques et les différentes facettes.
La production s’est imposée naturellement, au travers de mes dernières rencontres et projets.
A cela se rajoute le travail du son et des musiques électroniques synthétiques qui deviennent et restent en même temps au centre de mes préoccupations musicales.
Comment cette collaboration est-elle née ?
Initialement le web a permis notre premier contact, plus précisément grâce à une plateforme musicale collaborative.
De son côté Teddy compose, chante, joue des guitares, amène son style si particulier et son talent si unique ; de mon côté je l’aide à manager les projets avec les musiciens qui enregistrent dans leurs studios un peu partout dans le monde, nous collaborons ensemble sur les arrangements, je réalise les mixages et mastering, bref, j’assure la partie production ; parfois aussi j’intègre une piste instrumentale si nécessaire.
Je redécouvre avec lui la musique Country Américaine, style Nashville ! C’est devenu une nouvelle expérience musicale et humaine avec Teddy. Nous sommes sur la même longueur d’onde, et nos exigences respectives, le besoin de bien faire, sont en adéquation.
Je pense que nous avons finalement une sensibilité musicale similaire, à plusieurs milliers de miles de distance et cela avec un projet que nous souhaitons voir aboutir tous deux avec les autres musiciens du « band ».
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
L’album que Teddy souhaite sortir, à la fois typé country et avec ce style si propre à lui, devrait être entièrement enregistré et mixé au printemps. Il sera donc sur les meilleures plateformes Web bien avant l’été 2017.
C’est un travail de longue haleine entre nos jobs respectifs et nos disponibilités, mais nous y parvenons car force est de constater que la musique est mobilisatrice quel que soit l’endroit du monde où nous nous trouvons !